Cultures du Cœur : mission zéro exclusion !
Réseau d’associations, Cultures du Cœur lutte contre les exclusions et agit en faveur de l’insertion sociale des personnes en situation de précarité en facilitant leur accès aux propositions culturelles, sportives et de loisirs.
PORTRAIT : Sabrina Layes-Duval, responsable régionale de Cultures du Cœur Champagne-Ardenne
[SON RÔLE]
En tant que responsable régionale, je suis en lien avec les administrateurs qui accompagnent les salariés dans les décisions à prendre pour l’association dans sa vie quotidienne. Je gère aussi les rapports d’activités, les demandes de subventions et les budgets.
J’accompagne également mes deux collègues (Aurore et Marie), chargées de développement en animant en partie le réseau de partenaires régional, en mettant en place des actions de sensibilisation culturelles pour favoriser la rencontre entre les acteurs sociaux et culturels. Le but : aller régulièrement à la rencontre des personnes en situation de précarité.
[LES PROJETS DE CULTURES DU CŒUR AVEC LES STRUCTURES CULTURELLES]
Tous nos partenaires culturels et sportifs nous offrent des invitations à leurs événements (en fonction de leurs jauges et de leurs possibilités) et ils s’engagent à organiser avec nous des projets culturels ou des “chemins de découverte”. Ça peut par exemple être la visite d’un lieu, ses coulisses, aller sur le plateau, voir les salles techniques, rencontrer les ingénieurs, les artistes ou assister à des balances.
L’idée est d’essayer de lever les barrières d’accès aux propositions culturelles par de la médiation en permettant aux personnes qui ne fréquentent peu voire pas du tout les lieux culturels de se sentir à l’aise dans ces lieux. Ces personnes ont un accueil un peu VIP pour qu’elles se sentent à l’aise et invitées aux spectacles. À la suite des visites en général, on leur donne une invitation pour assister aux événements « comme tout le monde ».
Nous programmons les invitations sur notre site internet en mettant un maximum d’informations (liens vidéos, présentations). Nos relais sociaux ont des codes d’accès pour pouvoir réserver des invitations de façon nominative pour les personnes qu’ils accompagnent nous les aidons dans cette démarche en venant à leur rencontre. Nous organisons des “ccafés culture” avec les personnes en situation de précarité pour connaître leurs goûts culturels (en leur demandant ce qu’ils écoutent comme musique par exemple), leurs envies de sorties et ainsi leur proposer et les accompagner vers ces sorties culturelles ou sportives. Lors de nos permanences mensuelles nous allons à la rencontre des personnes accompagnées par nos relais sociaux pour leur présenter les offres culturelles et sportives du mois. Cela nous permet ensuite de les inciter à faire des sorties culturelles et sportives en les accompagnant dans l’organisation de ces sorties (quels transports prendre, comment récupérer les invitations…).
Nous mettons en place des chemins de découverte ou des visites-ateliers chez nos partenaires patrimoine et musées avec la pratique d’un art (par exemple des sacs brodés ou une lampe à l’huile en argile au musée Saint Rémi ou de la ciselure repoussée qui faisait écho à une expo au Palais du Tau).
Notre rôle c’est de faire en sorte que nos partenaires culturels et sociaux se rencontrent. Nous avons notamment réussi à organiser et animer nos lancements de saison en octobre, où les partenaires ont pu échanger pour mieux se connaître et ainsi travailler plus facilement ensemble.
[UN MOMENT MARQUANT À LA CARTONNERIE]
Un moment marquant dont je me rappelle ? C’était l’an dernier. Deux éducateurs du SDP (Service départemental de Prévention) nous avaient sollicités pour un projet de “groupe culture” où les jeunes qu’ils accompagnent se rencontreraient régulièrement sur la base du volontariat. Des sorties leurs étaient proposées et ils participeraient au choix des sorties et des actions. Ils nous ont contactés pour apporter de la matière et répondre à l’intérêt des jeunes. Nous avons donc lancé une toute première rencontre à La Cartonnerie. C’est l’un de mes derniers souvenirs vraiment marquants parce que tout le monde a échangé à position égale et qui humainement a bousculé mes habitudes. À titre personnel, cela m’a fait du bien d’être assise parmi tous les invités et de moi aussi répondre à la question « Que représente la culture pour toi, qu’est-ce que tu apprécies en particulier ? ». Nous avons commencé par y répondre, on ne voulait pas se montrer comme des profs en donnant une seule définition de la Culture ! Nous étions un peu comme une bande d’amis qui discutaient autour d’une table. Et la culture, c’est l’identité de soi ou d’une communauté ; et donc on dit beaucoup de soi quand on dit ce qu’on aime écouter, voir, lire. C’était très enrichissant cela nous a vraiment permis de briser la glace. En plus nous étions dans un lieu très agréable. C’était très convivial ! Et ça me paraît si loin avec cette histoire de covid, maintenant que je dis le mot convivial j’ai l’impression de dire un gros mot !
Et là, même les éducateurs ne l’ont pas vu venir : un des jeunes timides présents à la table a commencé à dire que ce qui l’intéressait c’était l’Histoire, la seconde guerre mondiale, notamment. Les 3 autres jeunes présents l’ont rejoint pour dire la même chose. Leur envie première (même si malheureusement cela n’a pas pu se faire), c’était de pouvoir assister à un cours d’histoire magistral en amphi à la fac de Reims. Et pour le coup il s’agissait de jeunes qui n’avaient pas eu de diplômes et qui étaient là pour envisager une formation. On a tendance à s’imaginer que hip-hop = jeunes de banlieue, on n’aurait jamais pensé que ces jeunes auraient envie d’aller suivre un cours magistral d’histoire à la fac.
Nous prônons la tolérance et l’échange pour casser les préjugés dans un sens comme dans l’autre, cela nous fait du bien d’être régulièrement bousculés nous aussi et de pouvoir répondre à des demandes que nous n’avions pas envisagées.
[PENDANT CETTE PÉRIODE DE RECONFINEMENT, QUELS DISPOSITIFS SONT PRÉVUS POUR CONTINUER LES ACTIVITÉS À DISTANCE ?]
Il y a déjà une vraie différence avec le premier confinement, même si on dit que ça a été très brutal, tout le monde s’en doutait plus ou moins et beaucoup de partenaires ont été réactifs tout en essayant de garder le positif.
Pendant le premier confinement, nous avons envoyé des ressources culturelles en ligne et même si nous n’en connaissons pas précisément l’impact du fait de la fracture numérique notamment, nous allons continuer et développer cette action.
Nous avons sollicité nos partenaires culturels pour leur demander s’ils prévoyaient de garder un contact avec leur public et sous quelle forme pour que l’on puisse transférer les informations. Nous allons organiser une réunion virtuelle entre partenaires sociaux et culturels – c’est dommage parce qu’on venait tout juste de faire notre lancement de saison ! pour réfléchir ensemble aux solutions à apporter pour garder du lien entre les propositions culturelles et les personnes qui en sont éloignées.
Nous allons aussi poursuivre les interviews et les visites virtuelles des lieux partenaires, un peu comme nos chemins de découverte ; nous avons quelques contenus d’avance que l’on va pouvoir diffuser par mail et sur Facebook. Certains ont prévu de diffuser des projets que nous allons relayer également.
Le projet “Allo l’artiste” a aussi été mis en place par Cultures du Cœur au national. Plusieurs fois par semaine, il y a un artiste qui propose une petite forme artistique au bout d’une ligne téléphonique accessible à plus de 300 personnes en simultané.
[QUELLES SONT LES PERSPECTIVES AVEC LA CARTONNERIE ?]
Avec La Cartonnerie, nous commençons déjà à travailler sur un projet qui porte sur la création féminine dans le hip-hop. L’idée ce serait de proposer aux autres partenaires locaux et aux personnes des quartiers prioritaires de s’impliquer dans une co-construction de ce projet pour qu’il corresponde le plus possible aux besoins et envies de chacun. Il devrait normalement voir le jour sur la saison 2021/2022.

ILS TÉMOIGNENT…
« J’ai ressenti beaucoup d’humanité dans ce concert : musique de l’âme et du cœur. Merci à la Cartonnerie, que j’ai redécouverte, pour son accueil et merci à Cultures du cœur pour ce vrai partage. »
« Venues avec 2 amies à un concert de jazz, j’ai ressenti de la joie et le rythme de la salle de concert qui était complète. Il y avait une très bonne ambiance.»
« L’éducateur qui s’est rendu à ce concert avec trois adolescents a trouvé que c’était très intéressant d’observer ces jeunes dans un environnement différent. C’était la première fois que ces adolescents participaient à un concert, ils ont envie de renouveler l’expérience. »